De la Passion au balcon !
Cher·e·s ami·e·s suspendu·e·s, aujourd’hui nous n’allons pas vous parler de la célèbre scène du balcon de Roméo et Juliette comme pourrait le laisser penser ce titre, mais plus exactement d’une plante qui grimpe, qui grimpe et qui part elle aussi pourtant bien à l’assaut des hauteurs : la passiflore ou fleur de la passion. On vous dira tout de ses origines, et en particulier de celle de son nom « romantique », de ses différentes formes et variétés en passant par ses vertus et NOTRE recette hyper méga top compliquée (attendez un peu de voir !). Et nous ne manquerons pas de vous expliquer comment l’acclimater et l’accueillir chez vous dans vos jardins et/ou sur vos terrasses et balcons.
Cette plante est ‘juste’ un pur plaisir : du moi de mai à la mi-novembre vous aurez des fleurs, des fleurs et encore des fleurs. Alors, on vous emmène ?
Comme d’habitude, n’hésitez pas à nous laisser un commentaire :o)
Bonne lecture et prenez-en plein les yeux…
Encore une américaine !
Les Passiflores, appartiennent à la famille des passifloracées (une famille rien que pour elles !). On en dénombre quelques 530 espèces. Elles se répartissent originellement entre l’Amérique, l’Asie et l’Afrique. Les européens ont pour la première fois rencontré et décrit ce type de plantes en Amérique du Sud dans la région de Cali en Colombie dans les années 1550.
Leur nom ne leur a pas été donné à cause du sentiment amoureux qu’elles peuvent susciter du fait de l’extraordinaire beauté de leurs fleurs, mais plutôt en référence à un épisode de la vie du Christ. En effet, on attribue l’origine de la légende du nom de cette fleur au moine italien Giacomo Bosio qui a vu en elle plusieurs symboles de la passion du Christ :
- le pistil à 3 styles représenterait les clous utilisés pour la crucifixion,
- les 5 étamines portant le pollen, les 5 plaies infligées au christ
- et les filaments bleutés au-dessus des pétales et des sépales seraient la couronne d’épine.
Le nom latin définitif a été donné au genre par le botaniste Karl von Linné (Les racines de la botanique) en 1753 : Passiflora, en référence à cette légende.
Ces plantes sont des lianes volubiles qui s’accrochent à leur support grâce à des vrilles. Certaines espèces peuvent même atteindre jusqu’à 10 mètres de long.
Parmi toutes les espèces de passiflores, vous connaissez sûrement Passiflora edulis du Brésil… Mais si, mais si ! En fait vous connaissez surtout son fruit qu’on appelle grenadille ou tout simplement « fruit de la passion », dont les petites graines croquantes entourées de pulpes parfument délicieusement vos cocktails, vos salades de fruits, mais aussi vos plats salés !
Quoi, vous n’avez jamais essayé de cuire un pavé de saumon avec des graines de fruit de la passion ???
Bon, c’est tellement bon – et tellement simple – qu’on va bouleverser nos habitudes et vous donner LA recette des garçon maintenant, tout de suite !!!
La recette des Garçons
Le plus dur est de trouver le saumon ;o)
Préchauffez votre four à 175°C.
Prévoyez un pavé par personne. Prenez une feuille de papier sulfurisé et déposez dessus une seule et unique pièce de poisson… la cuisson est plus régulière de cette façon et si comme nous vous aimez le poisson à peine cuit, il est plus simple de laisser cuire plus longtemps uniquement les pavés de vos amis qui le préfère « bien sec » !
Sur chaque pavé, versez un filet d’huile d’olive et un peu de jus d’un citron vert. Salez avec de la fleur de sel, et donnez 2 tour de moulin de poivre. Déposez les graines d’un demi fruit de la passion et refermez votre papillote.
Placez votre plat au four et laissez cuire entre 10 et 15 minutes.
Servez chaud avec un riz parfumé…
Bonne dégustation !
Arrivée en Europe et hybridations en tout genre
Dès leur découverte en Amérique, les passiflores ont été ramenées en Europe au 16ème siècle et en particulier l’espèce Passiflora caerulea (la passiflore bleue), originaire du Sud-Est des États-Unis et du Mexique. La plupart des espèces de passiflores sont tropicales et craignent le froid de nos latitudes mais P. caerulea tolère des températures allant jusqu’à -12°C et s’adaptent très bien en Europe tout comme sa cousine P. incarnata, la passiflore officinale, aux filaments ondulés.
P. caerulea s’adapte tellement bien d’ailleurs qu’elle est considérée dans le sud de l’Espagne comme une espèce invasive ! Par contre, même si caerulea ou incarnata donnent des fruits (de la passion !) comestibles sous nos latitudes, ils n’égalent pas en goût et en taille ceux de leur cousine brésilienne…
D’autres espèces telles P. vitifolia à la magnifique couleur rose/rouge ou P. quadrangularis, liane géante aux fleurs rouge carmin, violette et blanche ne résistent pas aux gelées et sont donc à réserver aux climats doux comme celui de la Méditerranée. La majesté des fleurs des passiflores a inspiré de nombreux obtenteurs et sélectionneurs qui ont croisé entre elles plusieurs espèces pour obtenir des fleurs plus grandes (P. incaranta x cincinnata), avec des couleurs allant du blanc immaculé (P. caerulea ‘Constance Elliot’) au violet intense (P. caerulea x P. racemosa) en passant par le rose (P.x insignis Pink Passion). Certains hybrides ont conservé la rusticité de leurs parents et vous pouvez maintenant cultiver chez vous en régions plus fraiches un grand panel de couleurs de passiflores.
« En ce temps-là, j’étais crédule
Un mot m’était promission,
Et je prenais les campanules
Pour des fleurs de la passion. »
Louis Aragon
Belles, hyper tendance… mais pas que !
En plus de la beauté de leurs fleurs et du goût de leurs fruits, les passiflores contiennent de nombreux principes actifs comme les flavonoïdes, les bêtacarbolines, le maltol et quelques alcaloïdes très minoritaires. C’est la combinaison synergique de ces composants qui donnent ses propriétés médicinales à la passiflore.
Les aztèques les utilisaient déjà pour leurs propriétés sédatives et en particulier l’espèce P. incarnata. Cette espèce est inscrite dans la pharmacopée européenne depuis le 19ème siècle pour ses effets sédatifs légers efficaces sur l’agitation nerveuse, les insomnies et l’anxiété. On utilise toutes les parties aériennes de la plantes (tiges, feuilles, fleurs, fruits) en extrait sec pour obtenir ses effets, mais ne vous aventurez pas à récolter n’importe quelle passiflore pour vous faire vos propres infusions ! Demandez conseil à un pharmacien-herboriste qui saura vous conseiller !
Une passiflore chez vous, c’est pour quand ?
Vous l’aurez compris, vous aussi pouvez profiter de la floraison et même de la fructification de la passiflore chez vous ! Il suffit juste de choisir la bonne variété… adaptée à votre climat, voire à votre micro-climat si vous habitez en ville et en situation (très) abritée. Certaines passiflores sont donc rustiques jusqu’à -12°C. À Lyon et sa région, nous vous recommandons notamment P. caerulea et P. incarnata qui portent des fleurs bleues et P. lutea qui arbore de petites fleurs jaune. D’autres par contre, comme P. edulis qui donne les fameux fruits de la passion résistent tout juste en dessous de 0°C tout comme les espèces à fleurs rouges (P. vitifolia) ou violettes (P. x violacea).
Capable de couvrir des murs entiers et d’escalader les arbres, cette plante grimpante vous charmera par sa longue floraison de mai jusqu’au premières gelées, voire même jusqu’au cœur de l’hiver en situation abritée. Tout d’abord, la passiflore n’est pas exigeante en matière de sol pourvu qu’il soit bien drainé. Elle exige ‘simplement’ une exposition ensoleillée au Sud ou au Sud-Ouest ainsi qu’un support sur lequel elle pourra s’épanouir.
Vous pouvez la planter à l’automne, MAINTENANT, ou au printemps en évitant les grands froids de l’hiver et les grosses chaleurs de l’été.
Pour la taille, vous raccourcirez en mars les pousses secondaires pour conserver une structure de branches plus âgées afin d’avoir de nouvelles pousses très florifères. Si vous le voulez – et suivant la dimension de votre plante – vous pouvez supprimer tous les ans une seule branche ancienne. Très envahissante en climat méditerranéen et en pleine terre, vous devrez limiter fortement son expansion en la taillant régulièrement (toujours après la floraison).
En terme d’amendement, apportez au printemps un engrais équilibré ou du compost.
Pour la culture en terrasse, balcon et autres espaces plus petits (ou pas), installez votre passiflore dans un grand pot en terre cuite de préférence ou une jardinière de bois avec une profondeur minimum de 40 cm et un minimum de 50 cm de large. Placez un treillis derrière le pot afin que votre passiflore puisse grimper et couvrir les murs disgracieux. C’est une formidable brise-vue ! Pourquoi ne pas la faire grimper sur une pergola afin qu’elle propose un ombrage rafraichissant en été ? Et, s’il gèle, la passiflore va perdre ses feuilles ce qui fait qu’elle n’obscurcira pas votre intérieur.
En résumé, elle est présente pour vous juste au bon moment… vous commencez à sentir la passion vous envahir ?
Et ce n’est pas terminé !
Une fois en l’air, elle peut aussi redescendre et ainsi former des rideaux végétaux… c’est juste magique ! Elle délimite les espaces, elle (re)définit les volumes et tout ça en toute légèreté !!!
Vous êtes en plein centre ville, dans un immeuble ancien de type Haussmannien ? La Fleur de la passion est faite pour vous : elle se développera gracieusement sur les les garde-corps en fer forgé sans encombrer le volume de votre balcon filant !
Par contre, même dans un grand pot, au bout de quelques années, elle aura épuisé le substrat et les apports d’engrais ne seront plus suffisants. Vous devrez la rempoter tous les 3-4 ans, à l’automne dans un pot plus grand avec du nouveau substrat. Sur balcons et terrasses, nous vous conseillons une exposition ensoleillée voire légèrement ombrée et protégée des vents froids. Les journées d’été très chaudes en ville, freinent quelque peu sa floraison. Comme pour la pleine terre, la taille est importante pour la maintenir dans des proportions raisonnables et qu’elle n’aille pas fleurir loin de votre vue. Plus vous taillerez votre passiflore plus elle sera touffue.
Contrairement à la pleine terre, la passiflore redoute la sécheresse lorsqu’elle est en pot comme la plupart des plantes en conditions artificielles. Arrosez-la souvent pendant les périodes chaudes en installant un arrosage automatique goutte à goutte par exemple. En cas de grands froids en hiver (-10°C), emmaillotez le pot avec de la paille recouverte de voile d’hivernage ou tout simplement de plusieurs épaisseurs de papier bulle pour protéger les racines du froid. Même si les parties aériennes sont détruites en cas de très grand froid, tout n’est pas perdu, la souche redémarrera au printemps encore plus vigoureusement !
« Dévorez-moi des yeux
Mais avec retenue
Pour que je m’habitue, peu à peu
(…)
Voilà, ça y est, je suis frémissante et offerte
(…) »
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