Il pousse plus de choses dans un jardin que n’en sème le jardinier…

Domaine du Rayol, Le Jardin des Méditerranées
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Domaine du Rayol, Le Jardin des Méditerranées

Domaine du Rayol, Le Jardin des Méditerranées

Nous ne comptons plus le nombre de nos voyages dans le Jardin des Méditerranées ni même les raisons pour lesquelles nous souhaitons chaque fois y retourner. Accroché à la corniche des Maures – juste en face des îles d’Hyères sur la commune du Rayol-Canadel-sur-mer – il n’y a pas meilleur emplacement pour présenter la richesse des régions du monde à climat méditerranéen. Parce que oui, il existe bien plusieurs endroits sur notre planète où ce climat spécifique est rencontré :

 

      • L’Australie (sud-ouest et sud),
      • L’Afrique du Sud (sud-ouest),
      • Le Chili (centre),
      • La Californie (région côtière),
      • Le bassin méditerranéen, des Îles Canaries au nord de l’Iran.

 

Caractérisé par des étés chauds et secs et des hivers doux et plutôt humides, ce type de climat permet le développement d’une biodiversité incroyable puisque sur à peine 5% de la surface planétaire on y rencontre près de 20% des plantes connues !

Aloe sp.

C’est Gilles Clément, un jardinier botaniste paysagiste contemporain, qui a donné son âme à cet endroit. Car il serait réducteur de limiter cet endroit à un « simple » jardin et c’est là tout l’art de Monsieur Clément : il s’est inspiré de l’histoire du lieu plutôt que d’effacer celle-ci au profit de son imagination. Le Jardin des Méditerranées est donc davantage un espace naturel ou l’Homme est (re)mis à sa juste place : un être vivant parmi les autres…

« Pour faire un jardin, il faut un morceau de terre et l’éternité. »

Gilles Clément

Vous trouverez très peu d’étiquettes pour apprendre mais de nombreux sentiers pour sentir, ressentir et comprendre. Ce patchwork de végétaux « sauvages » permet à chacun d’entre eux de nous transmettre les souvenirs de sa terre d’origine. Des visites thématiques sont bien sûr proposées si vous avez envie de voir ces plantes sous un nouveau jour et d’envisager la diversité autant que la richesse du Règne Végétal.

 

Ici, les plantes sont libres. Elles peuvent grandir, s’étendre et même se disperser comme elles l’entendent, ou presque. En déambulant dans les différents mondes, nous réalisons petit à petit les contraintes auxquelles ces plantes sont soumises dans leur habitat naturel comme la sécheresse estivale, le régime de pluies (très) irrégulier et parfois (très) conséquent, la pauvreté des sols mais aussi le passage du feu.

Euphorbia atropurpurea
Callistemon sp. (Rince-bouteille)
Protea caffra

Mais le plus étonnant restent les stratégies développées par chacune de ces espèces végétales pour (sur)vivre et se multiplier ! Par exemple, l’Eucalyptus a sélectionné au cours du temps des « feuilles » longues et verticales (les phyllodes) afin de réduire l’exposition au soleil, et donc diminuer ses pertes en eau. Mais pour une même problématique, l’ensemble des plantes n’a pour autant pas adopté le même type de stratégie : le cactus a modifié ses feuilles en épines, l’Aeonium pourpre change de couleur et devient presque noir et l’euphorbe arbustive des Canaries se sépare de ses feuilles en période estivale. Cette dernière particularité est également rencontrée chez Brachychiton discolor qui perd ses feuilles pour se couvrir de fleurs en plein été et ce sont alors son tronc et ses branches de couleur verte, contenant de la chlorophylle, qui assurent la photosynthèse !

Et si l’on revient sur la question du feu, les plantes méditerranéennes ont su mettre en place différents mécanismes de résistance et même, pour certaines d’entre elles, le feu leur est indispensable pour leur renouvellement. Chez le chêne-liège et les nolines, la résistance au feu est passive et c’est leur écorce liégeuse qui les protège. Les bruyères arborescentes et les arbousiers, eux, affrontent les incendies grâce à leur tronc sous-terrain (lignotuber). D’autres végétaux vont profiter de l’espace dévasté par le feu pour avoir accès au soleil et ainsi se multiplier, germer et rajeunir leur branchage. Car oui, les plantes ont besoin d’éliminer leurs bois secs ! Et le mot « besoin » n’est pas trop fort puisque les incendies vont être stimulés chez certaines de ces plantes méditerranéennes notamment par la production d’huiles essentielles – hautement inflammables – dont l’une des fonctions est aussi de résister à la dessiccation.

Si l’on s’intéresse aux callistemons (rinces-bouteilles), proteas et eucalyptus, par exemple, le feu est indispensable pour déclencher la libération des graines voire la floraison chez certaines plantes comme le black boy australien.

Arbutus andrachne (arbousier de Chypre)
Branche d'arbousier de Chypre

Mais revenons à une espèce méditerranéenne : le mimosa ! Eh bien, non en fait : cet arbre est originaire d’Australie. Il fut introduit en France – au même titre que de nombreuses autres espèces végétales et animales encore inconnues – au tout début du XIXème siècle. Et pour être plus précis encore, le mimosa n’est pas un mimosa ! Il appartient au genre Acacia et à la famille des Fabacées, ou légumineuses, et à la sous-famille des Mimosoïdées.

Mais alors l’acacia – vous savez l’arbre dont les fleurs parfumées sont utilisées notamment pour faire des beignets – est-il bien un acacia ? Comment vous le dire… non ! L’acacia est un robinier ! Robinia pseudoacacia, très exactement. Et il est originaire d’Amérique du Nord.

 

Donc, pour résumer : le mimosa est un acacia et l’acacia est un robinier… et dans tout ça, existe-t-il un « vrai » mimosa ? Si vous connaissez la sensitive – une petite plante dont les feuilles se replient et les tiges s’abaissent en situation de stress – vous connaissez un représentant des mimosas : Mimosa pudica.

 

Vous voyez, la Botanique ce n’est pas si compliqué !

Mimosa (Acacia dealbata)
Acacia (Robinia pseudoacacia)
Sensitive (Mimosa pudica)
Bon, vérifions maintenant si vous avez tout suivi !
À votre avis, la plante ci-dessous avec des feuilles ressemblant à celle de l’eucalyptus est :
              1. Un eucalyptus
              2. Un mimosa
              3. Un acacia
              4. Un robinier

Eh bien, même si cet arbre est connu sous le nom de mimosa eucalyptus, c’est également un acacia ! Son nom scientifique est Acacia saligna.

Nous vous donnons un petit truc supplémentaire pour identifier à coup sûr un acacia : les fleurs ont la forme de pompons – ou glomérules – et sont organisées en grappes ramifiées. Chaque fleur est formée d’un calice constitué de 5 sépales, minuscules et duveteux, d’une corolle comportant 5 pétales et de nombreuses longues étamines. Ce sont ces dernières qui donnent cet aspect de pompon à la fleur d’acacia !

 

En conclusion : si la fleur n’est pas un pompon dans les nuances de jaune, vous n’avez pas affaire à un acacia !

Pour aller plus loin

Le Domaine du Rayol – Oser les Méditerranées

Jean-Philippe GRILLET & Gilles CLÉMENT

ACTES SUD, 2019

256 pages

 

Le Domaine du Rayol – Le Jardin des Méditerranées

Jean-Philippe GRILLET

ACTES SUD, 2019

48 pages

 

Plantes des Méditerranées Domaine du Rayol

Francis HALLÉ

MUSEO ÉDITIONS, 2017

96 pages

 

Une écologie humaniste

Gilles Clément & Louisa Jones

Éditions Aubanel, 2006

271 pages

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