Il pousse plus de choses dans un jardin que n’en sème le jardinier…

Un jardin botanique qui a la frite ;o)
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Un jardin botanique qui a la frite ;o)

Un jardin botanique qui a la frite ;o)

Pourquoi « botanique » ?

 

Nous vous emmenons aujourd’hui au Jardin Botanique de Meise à une dizaine de kilomètres au nord de Bruxelles.

Un jardin ? Oui, on voit bien ce que c’est : un coin de « nature » dans lequel on se promène, on se ressource, on fait une petite sieste, on pique-nique… Mais pourquoi certains jardins sont qualifiés de « botaniques » ? Les premiers jardins de ce type ont été créés et aménagés au 16ème siècle – d’abord en Italie – avec pour objectif de présenter de nombreuses espèces et variétés de plantes. Dans les jardins botaniques, les plantes sont toutes identifiées avec leurs nom et prénom, les fameux 2 mots latins en italique qui représentent leur nom de genre et leur nom d’espèce.

Houlala, ça se complique ! C’est quoi un genre ? C’est quoi une espèce ? Et pourquoi en latin ? Cette convention binomiale, en latin, permet à chaque personne sur la planète, quelle que soit sa langue, de nommer la même plante (et ça vaut aussi pour tous les êtres vivants). Quand on parle de Hordeum vulgare, le francophone comprendra « orge », l’anglophone « barley » ou l’hispanophone « cebada »…

La botanique est donc une langue internationale !

 

Mais outre le fait donner des noms aux plantes qui y sont présentées, les jardins botaniques ont l’objectif de faire découvrir la diversité végétale aux visiteurs, de conserver des plantes plus ou moins rares, de faire de la recherche scientifique et de contribuer à l’enseignement.

En bref, le jardin botanique est aux plantes ce que le parc zoologique est aux animaux.

Gousse de tamarin (Tamarindus indica)

Flâner & Découvrir

 

Les premiers jardins botaniques de Bruxelles ont été créés en 1826 sur le territoire de la commune et ont dû déménager, suite à l’urbanisation, au nord de la ville dans les 93 hectares du domaine du Bouchout, sur la commune de Meise. Aménagé autour du château du Bouchout, datant du 12ème siècle, et de l’ancienne orangerie du château de Meise, le jardin comprend 18 000 espèces végétales et possède 60 serres, parmi lesquelles, le Palais des Plantes avec ses 13 serres accessibles au public. Les serres permettent la conservation d’espèces subtropicales et tropicales, mais pas seulement !

Victoria d'Amazonie (Victoria amazonica)
Nénuphar pourpre (Nymphaea Perry almost Black)
Lotus bleu (Nymphaea caerulea)
Lotus sacré (Nelumbo nucifera)

Vous déambulerez dans la végétation de forêts tropicales, de savanes, de déserts, mais aussi de mangroves, de marécages et de pays – un peu moins exotiques pour nous – du bassin méditerranéen. Mais le jardin de Meise n’est pas que cela : c’est un centre de recherche, c’est un herbier répertoriant près de 4 millions de spécimens, c’est une bibliothèque, c’est une banque de gènes, de graines mais aussi un « incubateur » qui a permis de faire revivre le brome des Ardennes (Bromus bromoideus). Cette graminée, considérée comme disparue dans son milieu naturel, était de plus la seule espèce endémique en Belgique, c’est-à-dire uniquement présente dans cette zone géographique. Jurassic park, vous connaissez ?

 

Et un jardin sans statue est-il véritablement un jardin ? Qui plus est lorsqu’il est « botanique » ? Eh bien, il faut reconnaitre que les jardins ont laissé l’art de la sculpture s’exprimer en de multiples occasions et que chacune des œuvres qui y sont exposées sont autant de d’empreintes qui racontent l’histoire du lieu. Donc, oui, vous découvrirez des statues habilement mises en scène pour quelques mois ou depuis plusieurs décennies déjà.

"La Rose" par Josué Dupon (1899)

Ce qui est certain, c’est qu’un jardin botanique n’a de cesse d’évoluer. Il doit s’adapter au monde qui l’entoure sinon anticiper ses évolutions. Il doit mettre à la portée de tout un chacun la connaissance. Car c’est bel et bien l’éducation qui fait que l’on comprend, que l’on respecte et que l’on (ré)agit.

Comprendre & Transmettre

 

Dans le Palais des Plantes, les chercheurs ont recréé le parcours de l’évolution des plantes, de leur colonisation de la terre ferme jusqu’à maintenant. Car les végétaux, comme la plupart des êtres vivants, sont apparus dans l’eau des océans avant de se hisser sur les continents, il y a 450 millions d’années. De la première algue bleue aux forêts de prêles géantes suivies – il y a 125 millions d’année – par l’expansion des plantes à fleurs, cette galerie permet de comprendre que les plantes n’ont pas toujours eu les mêmes formes et les mêmes habitats.

Galerie de l'évolution
Prêle des eaux (Equisetum fluviatile)

Certaines grandes familles ont même complètement disparu. Et pour savoir à quoi elles pouvaient ressembler, des reconstitutions en trois dimensions de ces plantes – contemporaines des ancêtres des dinosaures – sont mises à disposition des visiteurs. Et, pour nous, c’est un des intérêts majeurs du jardin botanique de Meise : il n’aborde pas « simplement » le sujet, il vous transporte au cœur-même de l’évolution des végétaux !

D’autres plantes « anciennes » comme les fougères sont encore bien représentées de nos jours, mais avec un nombre d’espèces bien moindre. Si l’on regarde le Ginkgo biloba– vous savez l’arbre aux quarante écus, celui qui a résisté à la bombe d’Hiroshima – il est aujourd’hui la seule espèce survivante de sa famille.

Fronde de fougère arborescente (Cyathea sp.)
Arbre aux quarante écus (Ginkgo biloba)

Conserver & Préserver

 

Les jardins botaniques servent aussi à préserver des espèces de plantes rares ou menacées. Même si c’est moins visible que pour les animaux, un très grand nombre d’espèces de plantes est en voie de disparition. Certaines n’existent même plus dans leur habitat naturel et ne sont préservées que dans les jardins botaniques un peu partout à travers le monde.

Pour avoir une idée des menaces qui pèsent sur les plantes, on considère qu’en France métropolitaine, 742 espèces de plantes sont menacées d’extinction (Source : Union Internationale pour la Conservation de la Nature, 2018).

 

Dans le jardin de Meise, la star des espèces rares est l’arum titan (Amorphophallus titanum) qui est arrivé au jardin en 2008. Cet arum provient de la région ouest de l’ile de Sumatra en Indonésie et possède une des plus grande « fleur » du monde végétal, plus de 1,50 m de haut et jusqu’à 3,50 m dans sa région d’origine. Avec une feuille unique de 6 m de haut et 5 m d’envergure et un bulbe de plus de 100 kg, il accumule les superlatifs ! Mais attention, l’arum titan diffuse une odeur pestilentielle de chair en décomposition, difficilement soutenable, mais tellement appétissante pour les coléoptères qui réalisent la pollinisation avec délectation… Ne vous inquiétez pas, sa floraison est brève et ne dure pas plus de 3 jours. C’est pour ça qu’il est très difficile de l’admirer « en vrai » et nous n’avons malheureusement pas eu la chance de voir ni sa fleur, ni même sa feuille car le bulbe, lorsqu’il est dormant, ne présente aucun organe aérien !

 

Mais les plantes les plus rares ne sont pas forcément les plus grandes… Le Jardin Botanique de Londres (Kew Gardens) conserve les derniers représentants de la plus petite espèce de nénuphar au monde (Nymphea thermarum). Ce minuscule nénuphar a des feuilles de moins d’un centimètre de diamètre et de toutes petites fleurs blanches, il est presque insignifiant. Si petit et si fragile, qu’il a complètement disparu des mares du Rwanda dont il est originaire suite au développement agricole de la région. Il a été sauvé in extremis par un botaniste qui avait constaté la fragilité de son habitat. Faisons donc attention aux plantes qui nous entourent et même si certaines ont l’air insignifiantes, elles n’en sont pas moins précieuses… Ouvrons l’œil et protégeons nos amies à chlorophylle !

Boutons floraux de Magnolia sp. au coeur de l'hiver
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